On est pas que crédule
Les années folles (les années 1920)
Le 01/05/2021
Il existe un terrible décalage entre la richesse créée et l’économie réelle qui conduit à la crise de 1929 (décalage entre l’économie réelle et l’économie financière). Pendant les années folles, le rapport de force se modifie. La suprématie européenne laisse la place à la domination américaine. Les Américains profitent commercialement du conflit (ils en tirent profit financièrement) car ils sont arrivés à la fin du conflit et ils aident les belligérants avec des intérêts à la clef. Cela entretient la croissance américaine. Au début des années 1920, ils connaissent de grands mouvements sociaux (crise de reconversion doublée d’une crise sociale). Ils ont peur des Rouges (Red Square), les bolchevicks (communistes qui ont destitués le tsar de Russie Nicolas II). Plus de 4 000 personnes ont été arrêtés le 4 janvier 1920 aux États-Unis et envoyés en Russie. Les anarchistes Sacco et Vanzetti ont été exécutés alors qu’ils étaient innocents après un procès rapidement expédié.
À partir de 1921 et jusqu’en 1929, on connaît une période de prospérité sans précédent car :
- Les Américains surmontent très vite la crise et deviennent la première puissance dominante grâce à l’application de l’O.S.T. Frederick Winslow Taylor (créateur du taylorisme) vise à décomposer le travail de l’ouvrier en tâches élémentaires. Les activités sont chronométrées, parcellisées. L’idée est d’optimiser les méthodes de production essentiellement à des fins de gains de productivité. La productivité est le rapport entre la production fabriquée et le travail utilisé sur une période donnée. La productivité est ce que l’on produit sur une période donnée. Les gains de productivité permettent de diminuer les coûts unitaires via notamment les économies d’échelle et donc de mettre les produits à disposition de plus d’individus.
- Ford met en pratique les enseignements de Taylor dans ses ateliers. De 15 heures on passe à 98 minutes pour produire une automobile. Ford bénéficie d’une main d’œuvre abondante, docile et bon marché immigrée débarquant de l’Europe de l’Ouest. En effet, ces individus acceptent des conditions de travail beaucoup plus difficiles que celles acceptées par les nationaux. Ford a diminué le prix de ses automobiles et a rémunéré ses salariés doublement (5$ au lieu de 2$).
16% de la population américaine possède une automobile (1/3 d’ouvriers, 1/3 des employés et 1/3 de personnes aisées). Le P.N.B. a plus que doublé pendant les années 1920. La croissance démographique redémarre. La population augmente lorsqu’il y a enrichissement jusqu’en 1929. En termes de commerce international, les Américains exportent beaucoup, mais sont protectionnistes : ils restreignent leurs importations pour pouvoir consommer leurs produits nationaux et favoriser leur croissance interne. Les autres pays, par « mesure de rétorsion » font de même.
- L’Europe, qui a perdu 1,2 millions de Français et 2,3 millions d’Allemands pendant la guerre, enregistre malgré cela une croissance économique exponentielle. La France et l’Allemagne (dans une moindre mesure) doivent se reconstruire, d’où une stimulation de l’emploi et de la croissance.
- Le cas anglais est particulier dans la mesure où les anglais perdent de leur suprématie industrielle et commerciale, mais conservent leur place monétaire. Londres est la première place boursière du monde et la livre sterling est une monnaie qui sert de référence. La livre sterling perdant du terrain, la Grande-Bretagne augmente ses taux d’intérêts pour que les investissements étrangers soient mieux rémunérés et pour faire remonter la livre sterling.
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Taylorisme : l’Organisation Scientifique du Travail (OST) de Frederick Winslow Taylor
Le 01/05/2021
Le film « Les Temps Modernes » |
Le background de Taylor
D’origine ouvrière, Frederick Winslow Taylor (1856-1915) n’avait pas de qualification spécifique, mais il est tout de même devenu ingénieur. Dans ses analyses domine la notion du temps. Il veut augmenter les capacités productives par unité de temps, c’est-à-dire la productivité. La productivité se calcule en rapportant la production au nombre d’heures par travailleur. Adam Smith avait déjà apporté des éléments de réponse avec son exemple de la manufacture d’épingles où la fabrication d’une épingle nécessitait 17 opérations élémentaires. En 1911, il pose les principes du management scientifique et de l’Organisation Scientifique du Travail (OST). Taylor évalue le temps d’exécution de chaque tâche pour maîtriser les métiers et décomposer les tâches grâce au chronomètre.
Avant |
Après |
Prise d’initiative : maîtrise du métier et détention des connaissances | Le savoir-faire est accaparé peu à peu par les managers qui le consignent, le notent. L’ouvrier ne réfléchit plus : il exécute. |
Dépossession progressive du savoir des ouvriers |
L’O.S.T. : Organisation Scientifique du Travail
L’OST est mise en oeuvre via 3 moyens :
- La division du travail
- La parcellisation du travail
- La standardisation
La division du travail
La division du travail prend deux formes. Elle peut être horizontale, auquel cas on décompose chaque opération en opérations élémentaires. Chaque geste est étudié et chronométré. Elle peut aussi être verticale. Dans ce cas, la réflexion, la préparation, l’exécution et le contrôle sont fait par des groupes d’individus différents.
La parcellisation du travail
Les ouvriers accomplissent un travail répétitif, toujours le même. Chacun a sa tâche. Cela favorise le burnout (« pétage de plombs »), voilà pourquoi il faut une « armée de réserve » qui ne sont autres que les chômeurs (Marx). Le salaire est malgré tout supérieur à la moyenne à cause de la grande pénibilité du travail à accomplir.
La standardisation
La standardisation est la fabrication à l’identique à grande échelle grâce à la description détaillée des produits : les pièces deviennent interchangeables entre les produits fabriqués par l’entreprise. Cela permet un gain de temps ainsi qu’une baisse du nombre de références en stock à gérer.
Le Taylorisme s’est inscrit dans un contexte socio-économique favorable où avaient lieu un essor industriel particulier et dans une immigration importante : les immigrés acceptent tout car ils ne savent pas lire, écrire et parler anglais. Les syndicats perdent leur pouvoir car trop d’immigrés veulent travailler à n’importe quel prix.
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Fordisme : les apports de Henry Ford (1863-1947)
Le 01/05/2021
La Ford T (1908-1928) |
Les principes du fordisme
Henry Ford est le dirigeant de l’entreprise automobile du même nom. Il met en pratique les enseignements de l’Organisation Scientifique du Travail (OST) de Frederick Winslow Taylor (division du travail, parcellisation et standardisation). Ford élabore un modèle de « travail à la chaîne » permettant le contrôle de la vitesse de production et remet en cause la fabrication artisanale : l’ouvrier reste à sa place et ne réalise qu’une seule tâche et une seule. Le contrôle du rythme de travail permet d’augmenter les cadences de production au maximum, ceci grâce au système du convoyeur (tapis roulant). L’ouvrier n’est qu’un rouage qui doit suivre le rythme. C’est la naissance de la publicité. Les pièces de rechange sont facilement disponibles grâce à la standardisation.Il fidélise ses ouvriers avec la formule « 5$ a day » et en réduisant leur temps de travail de 9 à 8h par jour. Le "5$ a day" permet certes d’augmenter le pouvoir d’achat des ouvriers, mais surtout de limiter le turnover et les contestations sociales particulièrement importantes à l’époque.
L’application du tayloro-fordisme : la Ford T (1908-1928)
Henry Ford met en pratique ces apports pour la production de la Ford T, première voiture produite selon les méthodes du tayloro-fordisme. Les coûts relativement faibles de cette voiture permettent à Ford de la vendre à un prix attractif (800$ là où les voitures les moins chères se vendaient à 2 000$) et la rendent accessible au plus grand nombre. La Ford T fut donc vendue à 800 $ alors que les voitures les moins chères se vendaient autour de 2 000 $. A la fin des années 1920, compte tenu des économies d’échelle, son prix avait diminué jusqu’à atteindre les 300$ (soit 3 300 $ actuels environ).
Elle est de ce fait considérée comme celle qui mit l’Amérique sur des roues. Elle fut produite pendant 20 ans, de 1908 à 1928.
Le fordisme a particulièrement réussi grâce à la remise en cause de l’ancienne fabrication artisanale et à l’interchangeabilité des pièces nécessaires à la production. Avant, pour assembler une voiture, on mettait 10 à 15h. En mettant en oeuvre ses principes, Ford est arrivé à ne mettre que 93 minutes pour la phase d’assemblage. La hausse du pouvoir d’achat (permise par le salaire doublée) permet même à l’ouvrier d’acheter sa propre production. La publicité fait également ses débuts et la production de masse entraîne la consommation de masse.
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Les apports de George Friedmann : la sociologie du travail
Le 01/05/2021
Les conséquences du tayloro-fordisme
Il travailla sur les conséquences de l’automatisation et de la rationalisation (parcellisation, division du travail, mécanisation, etc) introduites par le biais des systèmes tayloro-fordiste et bureaucratique sur la qualification des ouvriers notamment à travers son livre Le travail en miettes (1956). Celles-ci sont nombreuses et touchent divers aspects de la vie du travailleurs :
- Au niveau psychologique : apathie, monotonie
- Au niveau corporel : accidents du travail (avec ou sans mort), fatigue physique
- Au niveau organisationnel : absentéisme, turnover, manifestations, revendications sociales (s’exprimant notamment par la grève)
- Au niveau de la productivité du travailleur : réduction de son habileté au travail.
Friedmann fait l’observation que l’organisation du travail tayloro-fordiste a entraine une déqualification des travailleurs : l’ouvrier qualifié devient un ouvrier spécialisé, qui perd sa qualification et qui n’accomplit plus qu’un seul geste.
Les solutions au problème rencontré
Le principal apport de Friedmann est d’enrichir son analyse sur la condition ouvrière. Il est ainsi important de prendre en compte les rapports sociaux et les relations humaines. Il propose à cette fin d’enrichir les tâches des ouvriers, de faire tourner les ouvriers sur les tâches répétitives et de créer des équipes autonomes ou semi-autonomes.
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Les modifications de la nature du travail : Alain Touraine
Le 01/05/2021
Alain Touraine est un philosophe, économiste (La Société Post-Industrielle, 1969) et sociologue français. Il s’intéresse à l’évolution technologique, à la transformation de la société issue de l’évolution technologique.
Les 3 stades de l’organisation du travail
L’organisation du travail passe par trois étapes.
Ancien système
La première étape est l’ancien système, avec des ouvriers autonomes et qualifiés. Elle correspond à l’avant-Taylor. L’ouvrier avait le savoir-faire, les compétences. Il organisait l’atelier, la disposition des outils, le contrôle. C’est un ouvrier-artisan : le modèle est en flux tendus. La production se fait sur commande : pas de demande, pas de production. La demande précède la production.
Nouvelles conditions techniques et économiques
La seconde étape apparait avec de nouvelles conditions techniques et économiques. On commence à pouvoir prévoir la demande. Comme on peut prévoir la demande, le système d’organisation du travail domine la production. La production précède la demande. Le savoir-faire de l’individu n’est pas important. C’est la fin des ouvriers qualifiés. Les ouvriers spécialisés dépendent des techniciens responsables organisant le travail.
Automatisation et disparition de la main d’œuvre directe de fabrication
Dans la dernière phase, on assiste à l’automatisation et à la disparition de la main d’œuvre directe de fabrication. Les tâches d’exécution diminuent au profit des tâches de surveillance et de contrôle. De nouvelles exigences des activités apparaissent : l’abstraction, une augmentation du niveau de qualification. La sollicitation musculaire diminue au profit de la hausse de la charge mentale. Le salarié a l’esprit beaucoup plus occupé : il est constamment sous pression intellectuelle. La fatigue nerveuse remplace la fatigue physique. Le besoin de personnel productif diminue au profit du personnel administratif et encadrant (assistant, manager, etc). On migre vers la tertiarisation de l’économie. Le contenu du travail change et devient plus diversifié et complexe, donc plus difficile à encadrer. L’individu doit être réactif à des situations non prévisibles.
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